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de fortes raisons pour croire que ce formidable édit n’a point été publié, ou du moins qu’il n’a pas eu d’exécution. Des faits connus et des monumens de cuivre et de marbre qui existent encore, prouvent que durant tout le règne des fils de Constantin la religion païenne eut son culte public. On laissa subsister un grand nombre de temples dans les villes et dans les campagnes de l’Orient et de l’Occident ; et la multitude dévote put encore jouir de la pompe des sacrifices, des fêtes et des processions, sous la protection ou par l’indulgence du gouvernement civil. Quatre ans après la date supposée de ce sanglant édit, Constance visita les temples de Rome ; et un auteur païen célèbre la conduite décente du souverain dans cette occasion, comme un exemple digne d’être imité par ses successeurs. « Cet empereur, dit Symmaque, respecta les priviléges des vestales. Il conféra les dignités sacerdotales aux nobles de Rome, accorda les sommes ordinaires pour les frais des fêtes et des sacrifices publics ; et quoiqu’il eût embrassé une nouvelle religion, il n’entreprit

    On a découvert une contradiction chronologique dans la date de cette loi extravagante, la seule peut-être qui ait jamais puni la négligence des magistrats par la mort et la confiscation de leurs biens. M. de La Bastie (Mémoires de l’Acad., tom. XV, p. 98) conjecture, avec une apparence de raison, que cette loi prétendue n’était réellement qu’un projet de loi, qui fut trouvé parmi les papiers de Constantin, et inséré depuis comme un heureux modèle dans le Code de Théodose.