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usage toutes sortes d’artifices pour l’éloigner d’Alexandrie et le priver des secours qu’il recevait de la libéralité des citoyens. Mais quand le primat d’Égypte, abandonné et condamné par le clergé latin, se trouva dépourvu de tout secours étranger, Constance fit partir deux de ses secrétaires chargés verbalement d’annoncer le bannissement d’Athanase, et de le faire exécuter. Comme la justice de cette sentence était publiquement reconnue par tout le parti, l’empereur ne pouvait avoir d’autre motif pour ne pas donner ses ordres par écrit que la crainte de l’événement, et le danger auquel la seconde ville de l’empire et une de ses plus florissantes provinces pouvaient se trouver exposées, si le peuple s’obstinait à défendre, par la force des armes, l’innocence de son père spirituel. Cette excessive précaution fournit au primat un prétexte spécieux pour nier respectueusement la vérité d’un ordre qu’il ne pouvait accorder avec l’équité non plus qu’avec les précédentes déclarations de son bienveillant souverain. Les magistrats ne purent lui persuader de quitter la ville, et, se trouvant trop faibles pour l’y contraindre, ils firent une convention avec les chefs du peuple, par laquelle il fut stipulé que toute hostilité serait suspendue jusqu’au moment où l’empereur ferait connaître plus évidemment sa volonté. Cette apparence de modération plongea les catholiques dans une fausse et fatale sécurité, tandis que, selon des ordres secrets, les légions de la Haute-Égypte et de la Libye s’avançaient à grandes journées pour assiéger ou surprendre une