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rent à Antioche, sous le prétexte spécieux de dédier la cathédrale. Ils composèrent une profession de foi en termes obscurs, mêlés d’une teinte de semi-arianisme, et vingt-cinq canons qui servent encore de règle à la discipline des Grecs orthodoxes[1]. On décida, avec une apparence d’équité, qu’un évêque dépossédé par un synode ne pouvait être remis en possession de son évêché que par un second synode composé du même nombre d’ecclésiastiques ; et on appliqua immédiatement cette loi à la cause d’Athanase. Le concile d’Antioche prononça ou plutôt confirma sa dégradation : un étranger, nommé Grégoire, prit possession de son archevêché, et Philagrius, préfet d’Égypte[2], eut ordre de soutenir l’autorité du nouveau primat de toute la puissance civile et militaire de la province. Victime de la conspiration des prélats de l’Asie, Athanase se retira d’Alexandrie, et pendant trois ans exilé et sup-

  1. Voyez Beveridge, Pandect., t. I, p. 429-452 ; et t. II, Notes, p. 182 ; Tillemont, Mém. ecclés., t. VI, p. 310-324. Saint Hilaire de Poitiers a parlé de ce synode d’Antioche d’une manière beaucoup trop favorable et trop respectueuse. Il y compte quatre-vingt-dix-sept évêques.
  2. Saint Grégoire de Nazianze fait un grand éloge (t. I, orat. 21, p. 390, 391) de ce magistrat si odieux à saint Athanase :

    Sæpè premente Deo fert Deus alter opem.

    J’aime à trouver, pour l’honneur du genre humain, quelques bonnes qualités chez les hommes que la faction opposée représentait comme des tyrans et des monstres.