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il n’avait jamais existé ni église, ni autel, ni calice. Les ariens, résolus de trouver leur ennemi coupable et de le condamner, essayèrent cependant de déguiser leur injustice sous une apparence de formalités judiciaires. Le synode chargea six évêques de faire des informations sur les lieux ; et cette mesure, à laquelle s’opposèrent rigoureusement les évêques d’Égypte, ouvrit le champ à de nouvelles scènes de violences et de parjures[1]. Lorsque les députés furent revenus d’Alexandrie, la majorité du concile prononça contre Athanase une sentence définitive d’exil et de dégradation. Après avoir dicté un décret plein de fiel, de fureur et de perfidie, qu’ils présentèrent à l’empereur, et qu’ils publièrent dans l’église catholique, les prélats reprirent le maintien dévot qui convenait au pèlerinage du saint Sépulcre[2].

Premier exil d’Athanase. A. D. 336.

Mais Athanase, loin de se soumettre à l’injuste arrêt de ses juges, n’avait pas même voulu y donner quelque poids par sa présence ; et sans attendre sa sentence, l’intrépide primat, résolu d’apprendre, par une dangereuse expérience, si le trône était inaccessible à la voix de la vérité, se jeta dans une barque prête à partir pour la ville impériale. Craignant

  1. Voyez particulièrement la seconde apologie de saint Athanase, tom. I, p. 763-808 ; et ses Épîtres aux moines, p. 808-866. Elles sont appuyées sur des documens originaux et authentiques. Elles inspireraient cependant plus de confiance s’il s’y montrait moins innocent, et ses ennemis moins absurdes.
  2. Euseb., in vit. Constant., l. IV, c. 41-47.