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escorte, et de se hâter d’arriver avec dix chariots de poste au plus à Milan, où était alors la résidence impériale. Dans cette course rapide, le respect dû au frère et au collègue de Constance se changea en une insolente familiarité, Gallus, qui apercevait à la contenance de ses serviteurs qu’ils se regardaient déjà comme ses gardes, et qu’ils seraient peut-être dans peu ses bourreaux, commençait à se reprocher sa fatale imprudence ; et le souvenir de la conduite qui lui avait attiré son infortune, excitait à la fois sa terreur et ses remords. Toute dissimulation cessa à Petovio en Pannonie ; il fut conduit à un palais dans les faubourgs, où le général Barbatio, suivi d’une troupe de soldats choisis, aussi inaccessibles aux récompenses qu’à la pitié, attendait l’arrivée de son illustre victime. On l’arrêta au commencement de la nuit, et après l’avoir ignominieusement dépouillé des ornemens de César, on le transporta à Pole en Istrie, dans la prison qui avait été si récemment teinte du sang royal. L’horreur dont il se sentait saisi fut bientôt augmentée par l’apparition de son implacable ennemi, l’eunuque Eusèbe, qui en présence d’un notaire et d’un tribun, commença son interrogatoire relativement à l’administration de l’Orient. Le César, succombant sous le poids du crime et de la honte, confessa toutes les actions et tous les desseins criminels dont il était accusé. En les imputant aux conseils de la princesse son épouse, il augmenta l’indignation de Constance, qui examina avec une prévention défavorable la minute de son procès criminel. L’em-