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tion[1]. Les ariens, qui regardaient la victoire de Constance comme la leur propre, mirent sa gloire au-dessus de celle de son père[2]. Cyrille, évêque de Jérusalem, donna immédiatement après la bataille, la description d’une croix céleste environnée d’un brillant arc-en-ciel. Il prétendit qu’au jour de la Pentecôte, environ à la troisième heure, cette croix avait paru au-dessus de la montagne des Olives, à la grande édification des pèlerins et du peuple de la sainte cité[3]. On augmenta peu à peu l’étendue de ce météore. L’historien arien n’a pas craint d’affirmer que les deux armées l’avaient aperçue des plaines de la Pannonie, et que l’usurpateur de la Gaule, qu’il traite à dessein d’idolâtre, avait pris la fuite devant ce signe protecteur de l’orthodoxie chrétienne[4].

  1. Sulpice-Sévère, in Hist. sacra, l. II, p. 405, 406.
  2. Cyrille (ap. Baron., A. D. 353, no 26) observe que sous le règne de Constantin, la croix avait été trouvée dans les entrailles de la terre ; mais qu’elle parut sous le règne de Constance au milieu des airs. Cette opposition prouve évidemment que Cyrille ignorait l’étonnant miracle auquel on attribue la conversion de Constantin ; et cette ignorance est d’autant plus surprenante, qu’il n’y avait que douze ans que ce prince était mort, lorsque Cyrille fut sacré évêque de Jérusalem par le successeur immédiat d’Eusèbe de Césarée. Voyez Tillemont (Mém. ecclés., t. VIII, p. 715.)
  3. Il n’est pas aisé de déterminer jusqu’à quel point l’imagination de Cyrille peut avoir été secondée par l’apparition d’un cercle solaire.
  4. Philostorgius (l. III, c. 26) est suivi par l’auteur de