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bliquement ses écrits, et il fut défendu, sous peine de la vie, d’en conserver. Enfin l’empereur s’était pénétré de l’esprit de la controverse, et le style de ses édits, pleins de sarcasmes et d’invectives, avait pour but d’inspirer à ses sujets la haine qu’il ressentait contre les ennemis du Christ[1].

Et les orthodoxes. A. D. 328-337.

Mais, comme si la conduite de Constantin eût été l’effet de sa colère plutôt que de ses principes, trois ans s’étaient à peine écoulés depuis le concile de Nicée, qu’il laissa apercevoir quelques symptômes de pitié, et même d’indulgence, pour la secte proscrite que protégeait en secret celle de ses sœurs qu’il aimait le plus : il rappela les exilés, et Eusèbe de Nicomédie, reprenant bientôt son ascendant sur l’esprit de Constantin, fut remis en possession du siége épiscopal dont il avait été ignominieusement chassé. Arius lui-même reçut à la cour les honneurs et les respects que l’on doit à l’innocence opprimée. Le synode de Jérusalem approuva sa doctrine, et l’empereur parut empressé de réparer son injustice en le faisant admettre, par un ordre absolu, à la communion publique dans la cathédrale de Constantinople. Arius mourut le jour même où il devait jouir de son triomphe. Les étonnantes et horribles circonstances de sa mort ont donné à penser que les saints orthodoxes avaient contribué par des moyens

  1. Socrate, l. I, c. 9. Dans les lettres circulaires qu’il adressa aux différentes villes, Constantin employa contre les hérétiques les armes du ridicule et de la raillerie.