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de prendre le titre d’Auguste, et d’employer à sa défense les troupes et les trésors de l’Orient, il se laissa tromper par l’artificieuse tranquillité de Constance, qui, lui laissant le faste illusoire de sa cour, rappela insensiblement les vieilles légions des provinces d’Asie. Mais comme il pouvait être encore dangereux d’arrêter Gallus dans sa capitale, on se servit avec succès du moyen lent et sûr de la dissimulation. Constance lui écrivait souvent, et l’exhortait, par des expressions de confiance et d’amitié, à remplir les devoirs de son rang, à décharger son collègue d’une partie des soins publics, et à venir protéger l’Occident, par sa présence, par ses conseils et par ses armes. Tant d’injures réciproques auraient dû éveiller les craintes et les soupçons de Gallus ; mais il avait négligé les occasions de la fuite et de la résistance, et il s’était laissé séduire par les discours flatteurs de Scudilo, tribun militaire, qui, sous l’apparente rudesse d’un soldat, cachait l’adresse la plus insinuante. Gallus comptait sur le crédit de son épouse Constantina, dont la mort fatale, dans la circonstance présente, consomma les malheurs où elle avait entraîné son mari par ses passions impétueuses[1].

Disgrâce et mort de Gallus. A. D. 354. Décemb.

Après un long délai, le prince partit avec répugnance pour la cour impériale. Depuis Antioche jusqu’à Andrinople, il traversa la vaste étendue de ses

  1. Elle avait précédé son mari ; mais elle mourut en route de la fièvre, dans une petite ville de Bithynie, nommée Cænum Gallicanum.