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fut tempérée d’une part par la connexion interne et par la pénétration spirituelle qui unit indissolublement les personnes divines[1] ; et de l’autre, par la prééminence du père, que l’on reconnaissait en tant qu’elle était compatible avec l’indépendance du fils[2]. Telles étaient les bornes dans lesquelles pouvait se mouvoir en toute sûreté le fil incertain et presque invisible de l’orthodoxie. De quelque côté qu’on en sortît, les hérétiques et les démons, placés en embuscade, guettaient pour les saisir et les dévorer au passage, ceux qui avaient le malheur de s’égarer. Mais comme les degrés de haine théologique dépendent beaucoup plus des motifs de rivalité que de l’importance de la question, les hérétiques qui refusaient au fils quelques attributs, étaient plus odieux et plus sévèrement traités que ceux qui niaient son existence. Saint Athanase passa sa vie à combat-

    cellæus, Cudworth, Le Clerc, etc. ; et vouloir le prouver serait actum agere. » Cette remarque judicieuse est du docteur Jortin (vol. II, p. 212), qui examine la controverse arienne avec autant de candeur que d’érudition et de sagacité.

  1. Voy. Pétau (Dog. théolog., t. II, l. IV, c. 16, p. 453, etc.) ; Cudworth (p. 559) ; Bull (sect. IV, p. 285-290, éd. Grab.) La Περιχωρησις ou Circumincessio est peut-être l’endroit le plus profond et le plus obscur de l’abîme théologique.
  2. La troisième section de la défense de Bull pour la foi de Nicée, que quelques-uns de ses antagonistes traitent de galimatias, et d’autres d’hérésie, est consacrée à la suprématie du père.