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tinctes et infinies, trois êtres égaux et éternels composaient l’essence divine[1] ; et il y aurait eu contradiction, si un des trois avait pu un instant ne pas exister ou bien avait dû cesser d’être[2]. Les partisans d’un système qui semblait établir trois divinités indépendantes, s’efforçaient de conserver l’unité d’une première cause si visible dans le dessein et dans l’ordre de l’univers, par l’accord perpétuel de leur administration et la conformité nécessaire de leurs volontés. On peut apercevoir une faible image de cette unité d’action dans la société des hommes et même des animaux. Les causes qui troublent leur harmonie viennent de l’inégalité ou de l’imperfection de leurs facultés. Mais la toute-puissance, guidée par une sagesse et une bonté infinies, ne peut manquer de choisir les mêmes moyens pour accomplir les mêmes fins. [Sabellianisme.] 3o. Trois êtres, tirant d’eux-mêmes la nécessité de leur existence et possédant nécessairement tous les attributs divins dans le degré le plus parfait ; éternels en durée, infinis en espace, intimement présens l’un pour l’autre et pour tout

  1. Voyez Cudworth, Système intellectuel, p. 559-579. Cette dangereuse hypothèse fut soutenue par les deux Grégoire, de Nysse et de Nazianze, par saint Cyrille d’Alexandrie, et par saint Jean de Damas, etc. Voyez Cudworth, p. 603 ; Le Clerc, Biblioth. univers., t. XVIII, p. 97-105.
  2. Saint Augustin semble envier la liberté des philosophes. Liberis verbis loquuntur philosophi… Nos autem non dicimus duo vel tria principia, duos vel tres Deos. (De civit. Dei, X, 23.)