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choses ont été faites[1], avait été engendré avant tous les mondes, et les plus longues périodes astronomiques n’étaient qu’une seconde, si on les comparait à la durée de son existence ; cette durée n’était cependant pas infinie[2], et des temps avaient précédé l’ineffable génération du logos. Le Père tout-puissant avait transmis à ce fils unique sa vaste intelligence, son esprit, et l’avait empreint de tout l’éclat de sa gloire. Image visible de la perfection invisible, il voyait au-dessous de lui, à une distance incommensurable, les trônes des archanges. Il ne brillait cependant que d’une lumière réfléchie, et, comme les fils des empereurs romains décorés du titre de César ou d’Auguste[3], il gouvernait le monde en obéissant aux volontés de son père et son maître. [Trithéisme.] 2o. Dans la seconde hypothèse, le logos possédait toutes les perfections inhérentes et incommunicables que la religion et la philosophie attribuent au Dieu suprême. Trois esprits ou substances dis-

  1. Comme la doctrine absolue d’une création faite de rien s’introduisit peu à peu parmi les chrétiens (Beausobre, t. II, p. 165-215), la dignité de l’ouvrier s’accrut naturellement en raison de celle de l’ouvrage.
  2. La métaphysique du docteur Clarke (Trinité de l’Écriture, p. 276-280) a su s’accommoder à l’idée d’une génération éternelle provenant d’une cause infinie.
  3. Plusieurs des premiers pères employèrent cette comparaison profane et absurde, particulièrement Athénagore, dans son Apologie à l’empereur Marc-Aurèle et à son fils ; et Bull lui-même la cite sans la blâmer. (Voyez Defens. fid. nicen., c. 3, no 5, n. 4.)