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recommanda de se conduire respectueusement avec Gallus, et de l’engager, par la persuasion, à céder aux désirs de son frère et de son collègue. La témérité du préfet dérangea ces mesures prudentes, et hâta en même temps sa propre ruine et celle de son ennemi. En arrivant à Antioche, Domitien passa dédaigneusement devant les portes du palais, et sous le léger prétexte d’une indisposition, resta plusieurs jours enfermé pour composer un mémoire sanglant qu’il fit passer à la cour impériale. Cédant enfin aux pressantes sollicitations de Gallus, le préfet consentit à prendre sa place dans le conseil ; mais sa première démarche fut de signifier avec arrogance au César un ordre de partir sur-le-champ pour l’Italie, et une insolente menace de punir lui-même la résistance ou le délai, en suspendant le payement de sa maison. Le neveu et la fille de Constantin pouvaient difficilement souffrir cette insolence d’un sujet. Enflammés de colère, ils firent arrêter par leurs gardes le préfet Domitien. L’affaire était encore susceptible d’accommodement ; mais il devint impraticable, par l’imprudence de Montius, à qui un caractère léger faisait perdre trop souvent l’avantage de ses talens et de son expérience[1]. Le questeur témoigna sa

  1. Dans le texte d’Ammien, nous lisons, asper quidem, sed ad lenitatem propensior ; ce qui constitue une phrase contradictoire et ridicule. À l’aide d’un vieux manuscrit, Valois a rectifié la première de ces fautes, et nous apercevons un rayon de lumière par la substitution du mot vafer. Si nous hasardons de changer lenitatem en levitatem, cette