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de Platon, accoutumés à l’idée sublime du logos, ils concevaient aisément que le plus pur des æones ou substances émanées de la Divinité pouvait prendre la forme et l’apparence d’un mortel[1] ; mais ils prétendaient que les imperfections de la matière étaient incompatibles avec la pureté d’une substance céleste. Le sang du Christ fumait encore sur le Calvaire, que déjà les docètes inventaient des hypothèses impies et extravagantes ; ils publiaient qu’au lieu d’être sorti du sein d’une vierge[2], Jésus était descendu sur les bords du Jourdain sous la forme d’un homme fait, qu’il avait fasciné la vue de ses ennemis et même de ses disciples, et que les satellites de Pilate avaient épuisé leur impuissante fureur sur un fantôme qui sembla mourir sur la croix et sortir trois jours après du séjour des morts[3].

    au principe du mal, et tel était le motif qui leur faisait rejeter l’humanité réelle de Jésus-Christ. (Voyez Ch. G. F. Walch, Hist. des Hérésies (en allem.), tom. I, p. 217 sqq. ; Brucker, Histor. crit. philos., tom. II, p. 639.) (Note de l’Éditeur.)

  1. Les ariens reprochaient au parti orthodoxe d’avoir pris ses sentimens sur la Trinité, des Valentiniens et des marcionites. Voyez Beausobre, Hist. du Manich., l. III, c. 5, 7.
  2. Non dignum est utero credere Deum, et Deum Christum… Non dignum est ut tanta majestas per sordes et squalores mulieris transire credatur. Les gnostiques tenaient pour l’impureté de la matière et du mariage ; et ils étaient scandalisés des grossières interprétations des pères et de saint Augustin lui-même. Voyez Beausobre, t. II, p. 523.
  3. Apostolis adhuc in sæculo superstitibus apud Judæam