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celle des nazaréens[1], était grossière et imparfaite. Ils révéraient Jésus comme le plus grand des prophètes, doué d’une puissance et d’une vertu sur-naturelles. Ils appliquaient à sa personne et à son règne futur toutes les prédictions des oracles hébreux qui annoncent le règne spirituel et éternel du messie[2]. Quelques-uns d’entre eux admettaient qu’il était né d’une vierge ; mais ils rejetaient avec obstination l’existence précédente, et les perfections divines du logos ou fils de Dieu, qui sont définies si clairement dans l’Évangile de saint Jean. Environ cinquante ans après, les ébionites, dont saint Justin martyr a rapporté les erreurs avec moins de sévérité qu’elles ne paraissent le mériter[3], ne compo-

    expliquent clairement les sentimens des ébionites. Les critiques attribuent à un de ces sectaires les Clémentines publiées par les pères apostoliques.

  1. Les polémistes opiniâtres comme Bull (Judicium eccles. cathol., c. 2) insistent sur l’orthodoxie des nazaréens, qui parait moins pure et moins certaine aux yeux de Mosheim, p. 330.
  2. L’obscurité et les souffrances de Jésus ont toujours été le grand argument des Juifs. « Deus… contrarüs coloribus Messiam depinxerat ; futurus erat rex, Judex, pastor, etc. » Voyez Limborch et Orobio, amica, Collat., p. 8, 19, 53, 76, 192, 234. Cette objection a obligé les chrétiens à élever leurs yeux vers un royaume spirituel et éternel.
  3. Saint Justin martyr, Dialog. cum Tryphonte, p. 143, 144. Voyez Le Clerc, Hist. ecclés., p. 615 ; Bull et Grabe son éditeur (Judicium eccles. catholic., c. 7, et l’Appendix), essaient de défigurer les sentimens ou les paroles de saint