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Massacre des ministres de l’empereur. A. D. 354.

Aussi long-temps que la guerre civile tint en suspens le sort du monde romain, Constance feignit d’ignorer les atrocités de la faible administration à laquelle, en choisissant Gallus, il avait assujetti les provinces de l’Orient. La découverte de quelques assassins que le tyran des Gaules avait envoyés secrètement à Antioche, servit à persuader au public que l’empereur et le César étaient unis d’intérêt, et poursuivis par les mêmes ennemis[1]. Mais dès que Constance eut obtenu la victoire, son collègue subordonné cessa de lui être utile, et de lui paraître formidable. On examina soigneusement et sévèrement sa conduite ; on pesa chacune de ses actions, et il fut résolu en secret de lui ôter la pourpre, ou de l’éloigner au moins de la molle oisiveté de l’Asie, en l’exposant aux fatigues et aux dangers de la guerre de Germanie. La mort de Théophile, consulaire de Syrie, qui avait été massacré dans un moment de disette, par le peuple d’Antioche, de connivence avec Gallus et presque à son instigation, fut représentée non-seulement comme un trait de barbarie, mais comme une insulte dangereuse pour la majesté suprême de Constance. Deux ministres d’un rang illustre, Domitien, préfet oriental, et Montius, questeur du palais, reçurent la commission de visiter les provinces de l’Orient, et d’en réformer l’administration. On leur

  1. Zonare, t. II, l. XIII, p. 17, 18. Les assassins avaient séduit un grand nombre de légionnaires ; mais leur dessein fut découvert et révélé par une vieille femme, dans la cabane de laquelle ils s’étaient retirés.