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recevaient une seconde fois le baptême et l’ordination[1]. Les donatistes regardaient ces sacremens comme nuls lorsqu’ils avaient été administrés par des hérétiques ou des schismatiques. Ils assujettissaient les évêques, les jeunes filles et même les enfans à une pénitence publique, avant de les admettre à leur communion. S’ils obtenaient une église occupée précédemment par leurs adversaires les catholiques, ils purifiaient ce profane édifice avec autant de soin qu’un temple souillé par le culte des idoles. On lavait le pavé, on grattait les murs, et l’on brûlait l’autel ordinairement construit en bois. On fondait les vases sacrés, et les saintes hosties étaient jetées aux chiens avec toutes les cérémonies ignominieuses qui devaient enflammer et perpétuer l’animosité des factions religieuses[2]. Malgré cette aversion irréconciliable, les adhérens des deux partis, confondus et divisés dans toutes les villes de l’Afrique, conservaient le même extérieur, le même langage, le même zèle, le même culte et la même doctrine. Proscrits par les chefs de l’Église et du gouverne-

  1. Les conciles d’Arles, de Nicée et de Trente, confirmèrent la pratique sage et modérée de l’Église de Rome. Les donatistes toutefois eurent l’avantage de maintenir le sentiment de saint Cyprien et d’une grande partie de la primitive Église. Vincentius Lirinensis (p. 332, ap. Tillemont, Mém. ecclésiast., t. VI, p. 138) a expliqué pourquoi les donatistes brûlent dans les enfers, tandis que saint Cyprien est dans le ciel avec Jésus-Christ.
  2. Voyez le sixième livre d’Optat de Milève, p. 91-100.