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ouvertement sa cruauté par des exécutions militaires et des massacres populaires. Quelquefois il la déguisait sous le masque trompeur des formalités de la justice. Les endroits publics et les maisons des particuliers étaient assiégés par une troupe d’espions et de délateurs ; et le César lui-même, déguisé sous un habit plébéien, s’abaissait à jouer ce rôle odieux et méprisable. Tous les appartemens du palais étaient ornés d’instrumens de mort et de torture, et la consternation régnait sur toute la capitale de la Syrie. Comme s’il eût senti tout ce qu’il avait à craindre et combien il était peu digne de régner, le prince de l’Orient choisissait pour ses victimes, soit des habitans de la province, accusés de quelque crime imaginaire de lèse-majesté, soit ses propres courtisans qu’il soupçonnait, avec plus de raison, d’irriter contre lui, par leur correspondance secrète, le timide et soupçonneux Constance. Mais il ne réfléchissait pas qu’en se faisant détester des peuples, il perdait sa seule ressource, en même temps qu’il fournissait à la haine de ses ennemis les armes de la vérité, et à l’empereur un prétexte équitable de le priver de la pourpre et de la vie[1].

    mère, qui sollicita sa mort par un dépit amoureux. (Amm., l. XIV, c. 1.)

  1. Voyez dans Ammien (liv. XIV, ch. 1, p. 7) un ample détail des cruautés de Gallus. Son frère Julien (p. 272) insinue qu’il s’était formé secrètement une conspiration contre lui ; et Zosime nomme (l. II, p. 135) les personnages qui avaient conspiré ; un ministre d’un rang distingué, et deux agens obscurs qui voulaient faire fortune.