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CHAPITRE XXI.

Persécution des hérétiques. Schisme des donatistes. Secte des ariens. Saint Athanase. Troubles de l’Église sous Constantin et ses fils. Le paganisme toléré.

La reconnaissance du clergé a consacré la mémoire d’un prince qui a favorisé ses passions et ses intérêts. Les ecclésiastiques durent à Constantin la sûreté, la richesse, des honneurs et la vengeance. La défense de l’orthodoxie fut considérée, sous son règne, comme le devoir le plus important et le plus sacré du magistrat civil. L’édit de Milan, ou la grande charte de tolérance, avait assuré à tous les sujets de l’Empire romain la liberté de se choisir une religion et de la professer publiquement. Mais ils ne jouirent pas long-temps de ce privilége inestimable. L’empereur, en recevant la connaissance de la vérité, se pénétra des maximes de la persécution, et le triomphe du christianisme devint, pour les sectes qui se séparaient de l’Église catholique, le premier signal de l’oppression. Constantin se persuada facilement que les hérétiques qui prétendaient discuter ses opinions et résister à ses volontés, se rendaient coupables de la plus criminelle comme de la plus absurde obstination, et qu’un peu de sévérité serait un bienfait si elle pouvait sauver ces infortunés du danger de la damnation éternelle. L’empereur commença par exclure tous les ministres ou prédicateurs des