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sence. Il laissait ses gardes à la porte, et s’asseyait (avec la permission du concile) sur un tabouret bas, au milieu de la salle. Constantin écoutait avec patience et parlait avec modestie ; et tout en dirigeant les débats, il protestait humblement qu’il n’était que le ministre et non le juge des successeurs des apôtres, établis comme ministres de la religion et de Dieu sur la terre[1]. Un si profond respect de la part d’un monarque absolu pour un petit nombre de sujets faibles et désarmés, ne peut se comparer qu’à la vénération qu’avaient montrée au sénat les princes romains qui avaient adopté la politique d’Auguste. Dans l’espace de cinquante ans, le témoin philosophe des vicissitudes humaines aurait pu contempler l’empereur Tacite dans le sénat de Rome, et Constantin dans le concile de Nicée. Les pères du Capitole et ceux de l’Église avaient également dégénéré des vertus de leurs fondateurs ; mais comme le respect pour les évêques était plus profondément enraciné dans l’opinion publique, ils soutinrent leur dignité avec plus de décence, et s’opposèrent quelque-fois avec une mâle vigueur aux volontés de leur souverain. Le laps du temps et les progrès de la superstition ont effacé le souvenir des faiblesses, de l’ignorance et des passions qui déshonorèrent ces synodes ecclésiastiques ; et le monde catholique s’est

  1. Voy. Eusèbe, in vit. Constant., l. III, c. 6-21 ; Tillemont, Mém. ecclés., t. XI, 669-759.