Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/160

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tendaient visiblement à donner au clergé le droit de disposer de la fortune des fidèles au profit des pauvres. Les plus sublimes représentations des lois et des attributs de la Divinité étaient défigurées par un mélange de subtilités métaphysiques, de cérémonies puériles et de miracles fabuleux ; et ils appuyaient, avec le zèle le plus ardent, sur le pieux mérite d’obéir aux ministres de l’Église, et de détester tous ses adversaires. Lorsque la tranquillité publique fut troublée par le schisme et par l’hérésie, ils firent éclater la trompette de la discorde ou peut-être de la sédition. Ils embarrassaient la raison de leurs auditeurs d’idées mystiques, enflammaient les passions par des invectives, et sortaient des temples d’Antioche et d’Alexandrie également propres à recevoir ou à faire souffrir le martyre. La corruption du langage et du goût se fait fortement sentir dans les déclamations véhémentes des évêques latins ; mais les discours éloquens de saint Grégoire et de saint Chrysostôme ont été comparés aux plus sublimes modèles de l’éloquence attique ou du moins asiatique[1].

Priviléges d’assemblées législatives.

7o. Les représentans de la république chrétienne s’assemblaient régulièrement tous les ans dans le printemps et dans l’automne, et ces synodes répandaient l’esprit de la discipline et de la législation ec-

  1. Ces orateurs modestes reconnaissaient humblement que n’ayant point le don des miracles, ils tâchaient d’y suppléer par l’art de l’éloquence.