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étaient sur-le-champ repoussés par des antagonistes habiles et déterminés, combattant à armes égales. La cause de la justice et de la vérité pouvait tirer quelque avantage du conflit des passions ennemies. L’évêque, ou bien quelque prêtre distingué auquel il déléguait avec précaution les pouvoirs de prêcher haranguait, sans craindre une réplique ou même une interruption, une multitude soumise dont l’esprit avait été préparé et subjugué par les cérémonies révérées de la religion. Telle était la subordination sévère de l’Église catholique, que toutes les chaires d’Égypte ou d’Italie pouvaient retentir au même instant du concert des mêmes paroles entonnées par la voix suprême des primats de Rome ou d’Alexandrie[1]. Le dessein de cette institution était louable ; mais les effets n’en furent pas toujours salutaires. Les prédicateurs recommandaient la pratique des devoirs de la société, mais ils exaltaient la perfection de la vertu monastique, aussi pénible à l’individu qu’inutile au genre humain. Leurs charitables exhortations

    on la confiait quelquefois à de simples prêtres, tels que saint Chrysostôme et saint Augustin.

  1. La reine Élisabeth se servait de cette expression et de ce moyen quand elle avait envie de disposer l’esprit du peuple en faveur de quelque mesure extraordinaire de son gouvernement. Son successeur redouta beaucoup les effets de cette musique ennemie ; et le fils de celui-ci les sentit cruellement quand la chaire, trompette ecclésiastique, etc. Voyez la Vie de l’archevêque Laud, par Heyling, p. 153.