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et les canons de l’ancienne discipline, en soumettant les candidats à certaines conditions d’âge, de rang, etc., arrêtèrent en partie le caprice aveugle des électeurs. L’autorité des évêques de la province, qui s’assemblaient dans l’église vacante pour consacrer le choix du peuple, fut souvent employée à calmer ses passions et à redresser ses erreurs. Les évêques pouvaient refuser l’ordination à un candidat qu’ils en jugeaient indigne, et la fureur des factions opposées acceptait quelquefois leur médiation. La soumission ou la résistance du peuple et du clergé dans plusieurs occasions, établirent différens exemples qui peu à peu se changèrent en lois positives, et en coutumes locales[1]. Mais ce fut partout une loi fondamentale de la police religieuse, qu’un évêque ne pouvait pas prendre possession d’une chaire chrétienne sans avoir été agréé par les membres de cette église. Les empereurs, comme protecteurs de la tranquillité publique, comme premiers citoyens de Rome et de Constantinople, pouvaient exprimer leur désir sur le choix d’un métropolitain, et le faisaient sans doute avec succès : mais ces monarques absolus respectaient la liberté des élections ecclésiastiques ; et tandis qu’ils distribuaient et reprenaient à leur gré les dignités civiles et militaires, ils souf-

  1. Un compromis avait lieu quelquefois, soit au moyen d’une loi ou par le consentement des évêques et du peuple : l’un des deux partis choisissait trois candidats, et l’autre avait le droit de nommer celui des trois auquel il donnait la préférence.