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téores singuliers qu’elle voyait traverser les airs[1]. Nazarius et Eusèbe sont les deux plus célèbres orateurs qui, dans leurs panégyriques étudiés, se soient appliqués à relever la gloire de Constantin[2]. Neuf ans après sa victoire, Nazarius a décrit une armée de guerriers célestes qui semblaient tomber des cieux. Il parle de leur beauté, de leur courage, de leur taille gigantesque, du torrent de lumière brillante qui sortait de leurs armures divines, et de l’indulgence qu’ils avaient de se laisser voir aux mortels et de converser avec eux ; enfin il rapporte leur déclaration qu’ils étaient venus des cieux au secours de Constantin. L’orateur païen, en parlant aux Gaulois, les cite eux-mêmes comme témoins de ce prodige, et semble espérer qu’un événement si récent et si public forcera les incrédules à croire aux anciennes apparitions[3]. La fable pieuse d’Eusèbe, mieux inven-

  1. M. Freret (Mémoires de l’Acad. des inscript., t. IV, p. 411-437) explique, par des causes physiques, un grand nombre des prodiges de l’antiquité ; et Fabricius, ridiculisé par les deux partis, essaie en vain de placer la croix céleste de Constantin parmi les taches ou cercles du soleil. (Biblioth. græc., tom. VI, p. 8-29.)
  2. Nazarius inter panegyr. vet. X, 14, 15. Il est inutile de nommer les auteurs modernes dont l’avide et grossière crédulité s’est laissé prendre même à l’appât des idées païennes de Nazarius.
  3. Les apparitions de Castor et Pollux, et particulièrement celle qui avait pour but d’annoncer la victoire des Macédoniens, sont attestées par les historiens et par des monumens publics. Voy. Cicéron, De naturâ Deorum, II, 2 ;