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luxe asiatique[1]. Leur progrès fut rapide, et les eunuques, qui du temps d’Auguste avaient été abhorrés comme le cortège monstrueux d’une reine d’Égypte[2], s’introduisirent insensiblement dans les maisons des matrones, des sénateurs, et même des empereurs[3]. Restreints par les sévères édits de Domitien et de Nerva[4], favorisés par l’orgueil de Dioclétien, réduits à un état obscur par la prudence de Constantin[5], ils se multiplièrent dans les palais

  1. Eunuchum dixti velle te ;
    Quia solæ utuntur his reginæ.

        Térence, Eunuch., acte 1, scène 2.

    Cette comédie est traduite de Ménandre, et l’original doit avoir paru peu après les conquêtes orientales d’Alexandre.

  2. Miles… spadonibus
    Servire rugosis potest.

        Horace, Carmen, v. 9 ; et Dacier, ad loc.

    Par le mot spado les Romains exprimaient fortement leur horreur pour cette espèce mutilée. Le nom d’eunuque, adopté par les Grecs, prévalut insensiblement ; il choquait moins l’oreille, et présentait un sens plus obscur.

  3. Il suffira de citer Posidès, affranchi et eunuque de Claude, auquel l’empereur prostitua quelques-unes des récompenses les plus honorables de la valeur militaire. Voyez Suétone, in Claudio, c. 28. Posidès dépensa une grande partie de ses richesses en bâtimens.

    Ut spado vincebat capitolia nostra Posides.

        Juvénal, Sat. XIV.

  4. Castrari mares vetuit. Suétone, in Domitian., c. 7. Voyez Dion-Cassius, l. LXVII, p. 1107 ; l. LXVIII, p. 1119.
  5. Il y a un passage dans l’Histoire Auguste (p. 137) dans lequel Lampride, en louant Alexandre-Sévère et