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varier les formes du gouvernement ecclésiastique, selon les changemens des temps et des circonstances. La pratique de Jérusalem, d’Éphèse et de Corinthe, peut nous donner une idée du plan d’administration qui fut adopté de leur consentement pour l’usage des fidèles des premiers siècles. Les sociétés établies alors dans l’Empire romain n’étaient unies entre elles que par les liens de la foi et de la charité. L’indépendance et l’égalité formaient la base de leur constitution intérieure. Pour suppléer au manque de discipline et au défaut de connaissances humaines, on avait recours à l’assistance des prophètes[1] ; tout chrétien, sans distinction d’âge, de sexe ou de talens naturels, avait droit de remplir cette fonction sacrée ; et toutes les fois qu’il sentait l’impulsion divine, il répandait les effusions de l’Esprit-Saint au milieu de l’assemblée des fidèles. Mais souvent ces prophètes de l’Église primitive se permirent l’abus ou une fausse application de ces dons extraordinaires. Ils les déployaient mal à propos, se permettaient souvent de troubler le service de l’assemblée ; enfin, entraînés par l’orgueil ou par un faux zèle, ils introduisirent, particulièrement dans l’Église apostolique de Corinthe, une foule de désordres funestes[2]. Comme l’institution des prophètes devenait inutile, et même

  1. Pour les prophètes de la primitive Église. Voy. Mosheim, dissertationes ad Hist. ecclesiast. pertinentes, tom. II, p. 132-208.
  2. Voyez les Épîtres de saint Paul et de saint Clément aux Corinthiens.