Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/87

Cette page a été validée par deux contributeurs.

On reconnaissait que parmi les Juifs, sous une loi moins parfaite, des prophètes inspirés et des rois qui avaient reçu l’onction sacrée, avaient, avec l’approbation divine, exercé tous les pouvoirs que leur donnait la constitution de leur pays. Les chrétiens sentaient et avouaient que de pareilles institutions pouvaient être nécessaires dans le système présent du monde, et ils se soumettaient sans répugnance à l’autorité d’un maître idolâtre. Mais en inculquant des maximes d’obéissance passive, ils refusaient de prendre part à l’administration civile ou à la défense militaire de l’empire. On pouvait avoir quelque indulgence pour ceux qui, avant leur conversion, s’étaient déjà trouvés engagés dans ces occupations violentes et sanguinaires[1] ; mais les chrétiens, à moins de renoncer à l’exercice d’un devoir plus sacré, ne pouvaient se soumettre aux fonctions de soldats, de magistrats ou de princes[2]. Cette indiffé-

    niens, par les anabaptistes modernes et par les quakers. Barclay, l’apologiste des quakers, s’est servi, pour défendre ses frères, de l’autorité des premiers chrétiens, p. 542-549.

  1. Tertullien, Apolog., c. 21, De idololatriâ, c. 17, 18. Origène, contra Celsum, l. V, p. 253, l. VII, p. 348, l. VIII, p. 423-428.
  2. Tertullien (De corona militis, c. 11) leur suggéra l’expédient de déserter (*). Ce conseil, s’il eût été généralement connu, n’aurait pas été très-propre à concilier aux chrétiens la faveur des empereurs.
    (*) Tertullien ne suggère point aux soldats l’expédient de déserter ; il leur dit qu’ils doivent être sans cesse sur leurs gardes pour ne rien faire pendant leur service de contraire à la loi de Dieu, et se résoudre