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apparente ; et c’est pour célébrer les louanges des chastes épouses de Jésus-Christ que les pères ont versé les flots impétueux d’une éloquence un peu confuse[1]. Telles sont les premières traces des principes et des institutions de la vie monastique, principes qui, dans les siècles suivans, ont contrebalancé les avantages temporels du christianisme[2].

Leur aversion pour les objets de la guerre et du gouvernement.

Les chrétiens ne fuyaient pas moins les affaires que les plaisirs de ce monde. Ils ne savaient comment concilier la défense de nos personnes et de nos propriétés avec la doctrine patiente qui prescrit le pardon illimité des injures reçues, et qui ordonne de rechercher de nouvelles insultes. Leur simplicité s’offensait de l’usage des sermens, de la pompe de la magistrature, et de l’activité des débats dont se compose la vie publique. Humains et ignorans, ils ne pouvaient se persuader qu’il fût légitimement permis de verser, par le glaive de la justice ou par l’épée de la guerre, le sang de ses semblables, même lorsque les forfaits des scélérats ou les attaques de l’ennemi menaçaient la paix et la sûreté de toute la société[3].

  1. Dupin (Bibliothéq. ecclésiast., tom. I, p. 195) donne un détail particulier du dialogue des dix vierges, tel qu’il a été composé par Méthodius, évêque de Tyr. Les louanges données à la virginité y sont excessives.
  2. Les ascétiques, dès le second siècle, faisaient publiquement profession de mortifier leur corps et de s’abstenir de l’usage de la chair et du vin. (Mosheim, p. 310.)
  3. Voyez la Morale des pères. Les mêmes principes de patience ont été renouvelés depuis la réforme, par les soci-