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tienne pouvait bien être véritable, il devenait facile de lui persuader qu’il n’avait point de parti plus sage ni plus prudent à embrasser.

Troisième cause. Le don des miracles attribué à l’Église primitive.

III. Les dons surnaturels que le chrétien, disait-on, recevait même durant cette vie, devaient, en l’élevant au-dessus des autres hommes, le consoler de leurs injustices, et contribuer à convaincre les infidèles. Outre les prodiges qui, dans différentes occasions, ont pu être opérés par l’intervention immédiate de Dieu, lorsque pour le service de la religion, il suspendait les lois de la nature, l’Église chrétienne, depuis le temps des apôtres et de leurs premiers disciples, a prétendu à une succession non interrompue de pouvoirs miraculeux[1], tels que les dons des langues, des visions et des prophéties, le pouvoir de chasser les démons, de guérir les malades et de ressusciter les morts. La connaissance des langues étrangères fut souvent accordée aux contemporains de saint Irénée, quoique saint Irénée lui-même, en prêchant l’Évangile aux natifs de la Gaule[2], se soit trouvé obligé de lutter contre les

  1. Malgré les subterfuges du docteur Middleton, il est impossible de fermer les yeux sur les traces frappantes de visions et d’inspirations que l’on trouve dans les pères apostoliques.
  2. Saint Irénée, advers. hæres. præm., p. 3. Le docteur Middleton (Free inquiry, p. 96, etc.) observe que, comme cette prétention était de toutes la plus difficile à soutenir par des artifices, ce fut celle à laquelle on renonça le plus tôt. Cette observation convient à son hypothèse.