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l’Occident : suivi d’une troupe d’esclaves et de gladiateurs désespérés, il s’était aisément rendu maître de la faible garde qui faisait la police à Rome pendant la paix. Il avait reçu l’hommage du sénat, pris le titre d’Auguste, et l’avait porté pendant un règne précaire et tumultueux de la durée de vingt-huit jours. La marche de quelques troupes régulières mit fin à ses espérances ; la révolte fut éteinte dans le sang de Népotien, de sa mère Eutropia et de tous ses partisans. On étendit même la proscription sur tous ceux qui avaient contracté la moindre alliance avec la famille de Constantin[1]. Mais dès que Constance, après la bataille de Mursa, devint le maître de la côte maritime de la Dalmatie, une troupe d’illustres exilés, qui avaient équipé une flotte dans un port de la mer Adriatique, vinrent dans le camp du vainqueur chercher protection et vengeance. Ce fut par la secrète intelligence qu’ils entretinrent avec leurs concitoyens, que Rome et les villes d’Italie se laissèrent engager à déployer sur leurs murs l’étendard impérial de Constance. Les vétérans, enrichis par les libéralités du père, signalèrent leur reconnais-

  1. Victor l’ancien décrit en termes pathétiques la malheureuse condition de Rome : Cujus stolidum ingenium adeo P. R. Patribusque exitio fuit, uti passim domus, fora, viæ, templaque, cruore, cadaveribusque opplerentur bustorum modo. Saint Athanase (t. I, p. 677) déplore le sort de plusieurs illustres victimes ; et Julien (orat. 2, p. 58) parle avec exécration de la cruauté de Marcellinus, l’implacable ennemi de la maison de Constantin.