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d’empereur. La surprise, la frayeur, l’ivresse, les espérances ambitieuses, et l’ignorance du reste de l’assemblée, contribuèrent à rendre l’acclamation unanime. Les gardes se hâtèrent de prêter le serment de fidélité. On ferma les portes de la ville, et avant le retour de l’aurore, Magnence se trouva maître des troupes, du trésor, du palais et de la ville d’Autun. Il eut quelque espérance de s’emparer de la personne de Constans avant que ce prince fût informé de la révolution. Il s’amusait, à son ordinaire, à courir la chasse dans la forêt voisine, ou prenait peut-être quelque plaisir plus secret et plus coupable ; le vol agile de la renommée lui laissa cependant un instant pour la fuite ; c’était sa seule ressource, puisque la désertion de ses troupes et l’infidélité de ses sujets ne lui laissaient aucun moyen de résistance. Mais avant d’avoir pu atteindre à un port d’Espagne où il se proposait de s’embarquer, il fut arrêté auprès d’Helena[1], au pied des Pyrénées, par un parti de cavalerie légère, dont le commandant, sans respect pour la sainteté d’un

  1. Cette ancienne ville avait été florissante sous le nom d’Illiberis (Pomponius-Mela, II, 5) ; Constantin lui rendit de l’éclat, et lui donna le nom de sa mère. Helena (elle est encore appelée Elne) devint le siége d’un évêque, qui, long-temps après, transféra sa résidence à Perpignan, capitale actuelle du Roussillon. Voyez d’Anville, Notice de l’ancienne Gaule, p. 380 ; Longuerue, Description de la France, p. 223 ; et la Marca hispanica, l. I, c. 2.