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un équivalent des riches contrées de Grèce et de Macédoine, qu’il avait obtenues à la mort de Dalmatius. Irrité du peu de sincérité d’une longue et inutile négociation, Constantin suivit les conseils de ses favoris, qui tâchaient de lui persuader que son honneur et son intérêt lui défendaient également d’abandonner cette réclamation. À la tête d’un mélange confus de soldats tumultuairement assemblés, et plus faits pour piller que pour conquérir, il fondit sur les états de Constans par la route des Alpes Juliennes, et fit tomber sur les environs d’Aquilée, les premiers effets de son ressentiment. Les mesures de Constans, qui résidait alors en Dacie, furent dirigées avec plus de sagesse et d’intelligence. Ayant appris l’invasion de son frère, il détacha un corps choisi et discipliné de troupes illyriennes, qu’il se proposait de suivre lui-même avec le reste de ses forces. Mais la conduite de ses lieutenans termina la querelle de ces frères dénaturés. En feignant artificieusement de fuir devant Constantin, ils l’attirèrent dans une embuscade au milieu d’un bois. Le jeune imprudent mal accompagné fut surpris, environné et tué. Quand on eut retiré son corps des eaux bourbeuses de l’Alsa, on le déposa dans un sépulcre impérial ; mais ses provinces reconnurent le vainqueur pour maître, et firent serment de fidélité à Constans, qui, refusant de partager ses nouvelles acquisitions avec son frère, posséda sans contestation plus des deux tiers de l’Empire romain[1].

  1. Les historiens racontent avec beaucoup d’embarras et