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par l’habitude du danger, et persuadés que l’intention de Sapor était de les emmener captifs dans quelque pays éloigné, et de repeupler leur ville d’une colonie de Persans. L’événement des deux premiers siéges avait augmenté leur confiance et irrité l’orgueil du grand roi, qui, avec toutes les forces réunies de la Perse et de l’Inde, s’avançait une troisième fois pour attaquer Nisibis. L’intelligence supérieure des Romains rendait inutiles toutes les machines ordinaires, inventées pour battre ou pour saper les murs ; et bien des jours s’étaient passés sans succès, quand Sapor prit une résolution digne d’un monarque oriental, qui croit que tout, jusqu’aux élémens, doit se soumettre à son pouvoir. À l’époque de la fonte des neiges en Arménie, la rivière de Mygdonius, qui sépare la ville de Nisibis de la plaine, forme, comme le Nil[1], une inondation sur les terres adjacentes. À force de travaux, les Persans arrêtèrent le cours de la rivière au dessous de la ville, et de solides montagnes de terre

    digne cause, pour la défense de son pays. Il parut sur les murs sous la figure d’un empereur romain, et lâcha des millions de cousins, qui piquèrent les éléphans et mirent en déroute l’armée du nouveau Sennachérib.

  1. Julien, orat. 1, p. 27. Quoique Niebuhr (t. II, p. 307) donne un accroissement considérable au Mygdonius, sur lequel il a vu un pont de douze arches, il est difficile cependant d’imaginer qu’il ait eu quelque raison de comparer cette petite rivière à un grand fleuve. II y a plusieurs détails obscurs et presque inintelligibles dans ces immenses travaux sur le lit du Mygdonius.