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pace de douze ans, [A. D. 338, 346, 350.]Nisibis, regardée avec raison, depuis le temps de Lucullus, comme le boulevart de l’Orient, soutint trois siéges mémorables contre toutes les forces de Sapor ; et le monarque humilié, après avoir inutilement renouvelé ses attaques à trois reprises différentes de soixante, quatre-vingts et cent jours, fut contraint de se retirer trois fois avec perte et ignominie[1]. Cette ville, vaste et peuplée, était située environ à deux journées du Tigre, dans le milieu d’une plaine agréable et fertile, au pied du mont Masius. Un fossé profond défendait sa triple enceinte construite en briques[2], et le courage désespéré des citoyens secondait la résistance intrépide du comte Lucilianus et de la garnison. Les habitans de Nisibis étaient animés par les exhortations de leur évêque[3], endurcis à la fatigue des armes

  1. Voyez Julien, orat. 1, p. 27 ; orat. 2, p. 62, etc., avec le Commentaire de Spanheim, p. 188-202, qui éclaircit les détails et fixe l’époque des trois siéges de Nisibis. Tillemont (Hist. des emper., t. IV, p. 668, 671, 674) examine aussi les dates de ces siéges. Zosime (l. III, p. 151), et la Chronique d’Alexandrie, p. 290, ajoutent quelques faits sur ces différens points.
  2. Salluste, fragment 84, édit. du président de Brosses ; et Plutarque, in Lucull., t. III, p. 184. Nisibis n’a plus aujourd’hui que cent cinquante maisons. Ses terres marécageuses produisent du riz, et ses fertiles prairies, jusqu’à Mosul et jusqu’au Tigre, sont couvertes de ruines de villes et de villages. Voy. Niebuhr, Voyages, tom. II, p. 300-309.
  3. Les miracles que Théodoret (l. II, c. 30) attribue à saint Jacques, évêque d’Édesse, se firent du moins pour une