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et l’état des frontières de Syrie et d’Arménie semblait promettre aux Persans de riches dépouilles et une conquête facile. L’exemple des massacres du palais avait répandu l’esprit de licence et de sédition parmi les troupes de l’Orient, qui n’étaient plus retenues par l’habitude d’obéissance qu’elles avaient eue pour la personne de leur ancien chef. Constance eut la prudence de retourner sur les bords de l’Euphrate aussitôt après son entrevue avec ses frères en Pannonie, et les légions rentrèrent peu à peu dans leur devoir ; mais Sapor avait profité du moment d’anarchie pour former le siége de Nisibis, et s’emparer des plus importantes places de la Mésopotamie[1]. En Arménie, le fameux Tiridate jouissait depuis long-temps de la paix et de la gloire que méritaient sa valeur et sa fidélité pour les Romains. Sa solide alliance avec Constantin lui avait procuré des avantages spirituels aussi-bien que temporels. La conversion de Tiridate ajoutait le nom de saint à celui de héros, et la foi chrétienne, prêchée et établie depuis l’Euphrate jusqu’aux rives de la mer Caspienne, attachait l’Arménie à l’empire par le double lien de la politique et de la religion ; mais la tran-

    pas une autorité méprisable, assure que les Persans demandèrent en vain la paix, et que Constantin se préparait à marcher contre eux. Mais le témoignage d’Eusèbe, qui a plus de poids, nous oblige à admettre les préliminaires, sinon la ratification du traité. Voyez Tillemont, Hist. des emper., t. IV, p. 420.

  1. Julien, orat. 1, p. 20.