Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/449

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nécessité d’exercer la vigueur de son corps et celle de son esprit, et il fut digne, par son mérite personnel, d’un trône sur lequel on l’avait assis avant qu’il pût connaître les devoirs et les dangers du pouvoir absolu. Sa minorité fut exposée aux calamités presque inévitables de la discorde intestine ; sa capitale fut surprise et pillée par Thaïr, puissant roi d’Yémen ou d’Arabie, et la majesté de la famille royale fut dégradée par la captivité d’une princesse, sœur du dernier roi. Mais aussitôt que Sapor eut atteint l’âge viril, le présomptueux Thaïr, sa nation et son royaume, succombèrent sous le premier effort du jeune guerrier, qui profita de sa victoire avec un si judicieux mélange de clémence et de rigueur, qu’il obtint de la crainte et de la reconnaissance des Arabes le surnom de Dhoulacnaf ou protecteur de la nation[1].

État de la Mésopotamie et de l’Arménie.

Le monarque persan, dont les ennemis même ont reconnu les talens politiques et militaires, brûlait du désir de venger la honte de ses ancêtres, et d’arracher aux Romains les cinq provinces situées au-delà du Tigre. La brillante renommée de Constantin, et les forces réelles ou apparentes de ses états, suspendirent l’entreprise ; et les négociations artificieuses de Sapor surent amuser la patience de la cour impériale, dont sa conduite provoquait le ressentiment. La mort de Constantin fut le signal de la guerre[2] ;

  1. D’Herbelot, Biblioth. orient., p. 764.
  2. Sextus-Rufus (c. 26), qui, dans cette occasion, n’est