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serment solennel, et le second fut de trouver un prétexte spécieux qui pût soulager sa conscience du poids d’une si imprudente promesse. La perfidie vint au secours de la cruauté, et le plus odieux mensonge fut attesté par l’homme le plus vénérable par la sainteté de son ministère. Constance reçut un funeste rouleau des mains de l’évêque de Nicomédie, et le prélat affirma qu’il contenait le véritable testament de Constantin. L’empereur y annonçait le soupçon d’avoir été empoisonné par ses frères ; il conjurait ses fils de venger sa mort et de pourvoir à leur propre sûreté par le châtiment des coupables[1]. Quelques raisons que pussent alléguer ces malheureux princes pour défendre leur vie et leur honneur contre une accusation peu croyable, ils furent réduits au silence par les clameurs des soldats qui se montrèrent à la fois leurs ennemis, leurs juges et leurs bourreaux. Les lois et toutes les formes légales de la justice furent violées par des iniquités multipliées, dans le massacre général qui enveloppa les deux oncles de Constance, sept de ses cousins, dont Dalmatius et

  1. J’ai rapporté cette singulière anecdote d’après Philostorgius, l. II, c. 16 (*) ; mais si Constantin et ses adhérens firent jamais valoir un pareil prétexte, ils y renoncèrent avec mépris dès qu’il eut rempli leur dessein immédiat. Saint Athanase (t. I, p. 856) parle du serment qu’avait fait Constance pour garantir la sûreté de ses parens.
    (*) L’autorité de Philostorgius est si suspecte, qu’elle ne suffit pas pour établir un fait pareil, que Gibbon a inséré dans son histoire comme certain, tandis que dans la note même il paraît en douter. (Note de l’Éditeur.)