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Factions à la cour.

Mais ce prétendu règne n’était qu’une comédie ; et l’on s’aperçut bientôt que le plus absolu des monarques fait rarement respecter ses volontés dès que ses peuples n’ont plus rien à espérer de sa faveur ou à craindre de son ressentiment. Les ministres et les généraux qui avaient plié le genou devant les restes inanimés de leur souverain, s’occupaient secrètement des moyens d’exclure ses neveux Dalmatius et Annibalianus de la part qu’il leur avait assignée dans la succession de l’empire. Nous n’avons qu’une connaissance trop imparfaite de la cour de Constantin, pour pénétrer les motifs réels qui déterminèrent les chefs de cette conspiration ; à moins qu’on ne les suppose animés d’un esprit de jalousie et de vengeance contre le préfet Ablavius, favori orgueilleux qui avait long-temps dirigé les conseils et abusé de la confiance du dernier empereur. Mais on conçoit aisément les argumens qu’ils durent employer pour obtenir le concours du peuple et de l’armée. Ils en trouvèrent dont ils pouvaient se servir avec autant de décence que de vérité, dans la supériorité de rang due aux enfans de Constantin, dans le danger de multiplier les souverains, et dans les malheurs dont la république était menacée par la discorde inévitable de tant de princes rivaux, qui n’étaient point liés par la sympathie de l’affection fraternelle. Cette intrigue, conduite avec zèle, fut tenue secrète jusqu’au moment où l’armée fut amenée à déclarer d’une voix bruyante et unanime qu’elle ne souffrirait pour souverains dans l’empire que les fils du monarque