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populace effrénée, préférèrent l’exil à la tyrannie de leurs esclaves. Quelques Sarmates fugitifs sollicitèrent une protection moins ignominieuse sous les étendards des Goths leurs ennemis. Un nombre plus considérable se retira derrière les montagnes Carpathiennes chez les Quades, peuple germain, leurs alliés, et ils furent admis, sans difficulté, à partager le superflu des terres incultes et inutiles. Mais la plus grande partie de cette malheureuse nation tourna les yeux vers les provinces romaines. Implorant l’indulgence et la protection de l’empereur, ils promirent solennellement, comme sujets en temps de paix, et comme soldats à la guerre, la plus inviolable fidélité à l’empire, s’il daignait les recevoir dans son sein. D’après les maximes adoptées par Probus et par ses successeurs, les offres de cette colonie barbare furent acceptées avec empressement, et l’on partagea une quantité suffisante des terres des provinces de la Pannonie, de la Thrace, de la Macédoine et de l’Italie, entre trois cent mille Sarmates fugitifs[1].

  1. Les guerres des Goths et des Sarmates sont racontées d’une manière si imparfaite et avec tant de lacunes, que j’ai été obligé de comparer les écrivains cités à la fin de cette note, qui s’appuient, se corrigent et s’éclairent mutuellement. Ceux qui prendront la même peine, auront le droit de critiquer mon récit. Voyez Ammien, l. XVII, c. 12 ; Anonyme de Valois, p. 715 ; Eutrope, X, 7 ; Sextus-Rufus, De provinciis, c. 26 ; Julien, orat. 1, p. 9, et le Commentaire de Spanheim, p. 94 ; saint Jérôme, in Chron. ; Eusèbe, in