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à fondre ensemble des couleurs si contraires, et à allier des qualités si opposées, nous ne présenterions qu’une figure monstrueuse et inexplicable, si nous ne prenions soin de l’exposer dans son vrai jour, en séparant attentivement les diverses périodes de son règne.

Ses vertus.

La nature avait orné la personne et l’esprit de Constantin de ses dons les plus précieux. Sa taille était haute, sa contenance majestueuse, son maintien gracieux. Il faisait admirer sa force et son activité dans tous les exercices qui conviennent à un homme ; et depuis sa plus tendre jeunesse jusqu’à l’âge le plus avancé, il conserva la vigueur de son tempérament par la régularité de ses mœurs et par sa frugalité. Il aimait à se livrer aux charmes d’une conversation familière ; et quoiqu’il s’abandonnât quelquefois à son penchant pour la raillerie, avec moins de réserve qu’il ne convenait à la dignité sévère de son rang, il gagnait le cœur de ceux qui l’approchaient, par sa courtoisie et par son urbanité. On l’accuse de peu de sincérité en amitié. Cependant il a prouvé en différentes occasions de sa vie qu’il n’était pas incapable d’un attachement vif et durable. Une éducation négligée ne l’empêcha pas d’estimer le savoir ; et les

    tout le mal qu’en dit Eusèbe, et tout le bien qu’en dit Zosime. (Fleury, Hist. ecclésiast., t. III, p. 233) Eusèbe et Zosime sont en effet aux deux extrémités de la flatterie et de l’invective. On ne trouve les nuances intermédiaires que dans les écrivains dont le zèle religieux est tempéré par leur caractère ou par leur position.