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marchandises, imposèrent personnellement tous ceux de leurs sujets qui s’occupaient du commerce[1]. Ils accordèrent à la vérité, à ceux qui vendaient le produit de leurs propres domaines, quelques exemptions rigoureusement bornées à certains temps et certains endroits ; la profession des arts libéraux obtint aussi quelque indulgence ; mais toute autre espèce de commerce ou d’industrie fut soumise à la sévérité de la loi. L’honorable marchand d’Alexandrie qui rapportait dans l’empire les diamans et les épices de l’Inde, l’usurier qui tirait en silence de son argent un revenu ignominieux, l’ingénieux manufacturier, l’adroit mécanicien, et jusqu’au plus obscur détailleur d’un village écarté, tous étaient obligés de faire entrer les préposés du fisc de part dans leurs profits ; et le souverain de l’Empire romain consentait à partager l’infâme salaire de la prostitution dont il tolérait le trafic[2]. Comme on ne levait que tous les quatre ans la taxe assise sur l’industrie, on la nommait la contribution lustrale. On peut lire les lamentations de l’historien Zosime[3], sur l’approche de la fatale période,

  1. Voyez le Code Théodos., l. XIII, tit. 1 et 4.
  2. L’empereur Théodose mit fin, par une loi, à ce honteux profit. (Godefr., ad. Cod. Théodos., l. XIII, tit. I, c. 1) ; mais avant de s’en priver, il s’assura de ce qui comblerait ce déficit. Un riche patricien, Florentius, indigné de cette licence légale, avait fait des représentations à l’empereur ; pour le décider à ne plus la tolérer, il offrit ses propres biens, afin de suppléer à la diminution des revenus. L’empereur eut la bassesse d’accepter son offre. (Note de l’Éditeur.)
  3. Zosime, l. II, p. 115. Il paraît y avoir autant de pas-