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trésor étaient si souvent forcés de faire de très-gros achats, malgré le produit de l’indiction, qu’il leur était expressément défendu d’accorder la moindre remise sur l’impôt en nature, ou d’en accepter même la valeur en argent. Dans la simplicité primitive d’une petite communauté, cette méthode peut servir à recueillir les dons presque volontaires du peuple ; mais, susceptible à la fois de beaucoup d’abus d’une part, et de beaucoup de rigueur de l’autre, elle expose, dans un gouvernement despotique et corrompu, à une guerre continuelle, entre la fraude et l’oppression[1]. La culture des provinces romaines fut détruite peu à peu, et les progrès du despotisme, qui tend toujours à sa propre ruine, obli-

    en partie, de l’indiction et d’autres impôts. Ils avaient certains priviléges ; des règlemens particuliers déterminaient leurs obligations et leurs droits (Cod. Théod., l. XIII, tit. 5-9). Les transports par terre se faisaient de la même manière, par l’entremise d’une communauté privilégiée, nommée Bastaga ; ses membres s’appelaient bastagarii. (Cod. Théod., l. VIII, tit. 5.) (Note de l’Éditeur.)

  1. On prit quelques précautions (voyez Cod. Théodos., l. XI, tit. 2 ; ad Cod. Justian., l. X, tit. 27, leg. 1, 2, 3) pour empêcher les magistrats d’abuser de leur autorité, lorsqu’ils exigeraient ou qu’ils achèteraient du blé ; mais ceux qui étaient assez instruits pour lire les harangues de Cicéron contre Verrès (III De frumento) pouvaient y apprendre les divers moyens d’oppression à employer relativement au poids, au prix, à la qualité et aux transports des grains ; et dans tous les cas, la cupidité d’un gouverneur qui ne savait pas lire, suppléait à l’ignorance du précepte et de l’exemple antérieur.