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possession de ce service honorable. Lorsque, dans les cérémonies publiques, on les rangeait dans les cours et dans les portiques du palais, leur haute stature, leur discipline silencieuse, et leurs magnifiques armes, brillantes d’or et d’argent, présentaient un spectacle digne de la grandeur romaine[1]. On tirait de ces sept écoles deux compagnies choisies, moitié à pied, moitié à cheval, dont on formait les protecteurs ; ce poste avantageux était l’ambition et la récompense des meilleurs soldats. Les protecteurs montaient la garde dans les appartemens intérieurs, et étaient souvent dépêchés dans les provinces pour y exécuter les ordres qui demandaient du courage et de la célérité[2]. Les comtes des domestiques avaient succédé aux préfets du prétoire, et, du service du palais, ils aspirèrent, comme eux, au commandement des armées.

Agens ou espions de la cour.

La communication entre la cour et les provinces fut facilitée par la construction des routes et l’institution des postes ; mais à l’avantage qui résultait de ces établissemens, se joignit un abus intolérable. Deux ou trois cents agens ou messagers furent employés, sous les ordres du maître des offices, à com-

  1. Pancirole, p. 102-136. L’imposant appareil de ces domestiques militaires est décrit dans le poëme latin de Coripus, De laudibus Justiniani, l. III, 157-179, p. 419, 420 de l’appendix, Hist. Byzant., Rom. 1777.
  2. Ammien Marcellin, qui servit tant d’années, n’obtint que le rang de protecteur. Les dix premiers de ces honorables soldats avaient le titre de clarissimi.