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siter la sévérité des lois[1], et un nom particulier dans la langue latine[2].

On augmente le nombre des Barbares auxiliaires.

L’admission des Barbares dans les armées devint de jour en jour plus commune, plus nécessaire et plus funeste. Les plus hardis d’entre les Scythes, les Goths et les Germains, qui mettaient leur bonheur dans la guerre, trouvant plus de profit à défendre qu’à ravager les provinces, non-seulement s’enrôlaient parmi les troupes auxiliaires de leur nation, mais étaient encore reçus dans les légions et parmi les plus distinguées des troupes palatines. Admis familièrement chez les citoyens, ils apprenaient à mépriser leurs mœurs et à imiter leurs arts ; ils secouèrent le

  1. La personne et la propriété d’un chevalier romain qui avait mutilé ses deux fils, furent vendues à l’encan par ordre d’Auguste (Suétone, in Aug., c. 27). La modération de cet habile usurpateur prouve que l’esprit du temps justifiait sa sévérité. Ammien distingue les Italiens efféminés des robustes Gaulois (l. XV, c. 12). Cependant, quinze années après, Valentinien, dans une loi adressée au préfet de la Gaule, crut devoir ordonner de brûler vifs ces lâches déserteurs (Cod. Théod., l. VII, tit. 13, leg. 5). Leur nombre, en Illyrie, était si considérable, que la province se plaignait du petit nombre des recrues. (Id., leg. 10.)
  2. On les appelait Murci. Murcidus est employé par Plaute et Festus, pour désigner un homme paresseux et lâche, qui, selon Arnobe et saint Augustin, était sous la protection immédiate de la déesse Murcia. D’après ce trait singulier de lâcheté, les auteurs latins du moyen âge se servent du mot murcare, comme synonyme de mutilare. Voyez Lindenbrog et Valois, ad Ammien-Marcellin, l. XV, c. 12.