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timents par le fer et le feu, ceux des gardes des frontières qui abandonneraient leurs drapeaux, qui favoriseraient les incursions des Barbares, ou qui partageraient leur butin[1]. Les maux qui résultent d’une politique imprudente, se réparent rarement par une sévérité partielle ; et quoique une suite de princes aient fait, chacun dans leur temps, tous leurs efforts pour recruter et ranimer les garnisons des frontières, jusqu’au dernier moment de sa dissolution, l’empire a souffert de la blessure mortelle que lui avait faite l’imprudente faiblesse de Constantin.

Réduction des légions.

Cette politique timide qui sépare tout ce qui est uni, qui abaisse tout ce qui est élevé, qui craint toutes les facultés actives, et n’attend d’obéissance que de la faiblesse, semble avoir dicté les institutions de plusieurs monarques, et particulièrement celles de Constantin. L’orgueil martial des légions, dont les camps victorieux avaient été si souvent le foyer de la révolte, se nourrissait du souvenir de leurs anciens exploits, et du sentiment de leurs forces présentes. Tant qu’elles conservèrent leur ancienne composition de six mille hommes, chacune d’elles fut encore sous le règne de Dioclétien un objet respectable dans l’histoire militaire de l’Empire romain. Peu d’années après, leurs corps nombreux furent réduits à très--

  1. Code Théodosien, l. VII, tit. I, leg. I ; tit. 12, leg. I. Voy. Howell, History of the World, vol. II, p. 19. Ce savant historien, qui n’est pas assez connu, tâche de justifier le caractère et la politique de Constantin.