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richesses, l’autorité de la loi, et le commandement militaire, concouraient à rendre leur pouvoir absolu ; et quand ils étaient tentés de secouer l’obéissance, la province fidèle qui se trouvait enveloppée dans leur rebellion, s’apercevait à peine d’aucun changement dans son administration. Depuis le règne de Commode jusqu’à celui de Constantin, près de cent gouverneurs levèrent, avec différens succès, l’étendard de la révolte ; et quoique l’ombrageuse cruauté de leurs maîtres ait sacrifié beaucoup d’innocens, il est possible qu’elle ait aussi prévenu des desseins criminels[1]. Pour ôter à ces formidables serviteurs tout moyen d’alarmer le prince ou de troubler la tranquillité publique, Constantin résolut de séparer le service militaire de l’administration civile, et de faire une profession distinguée et permanente de ce qui n’avait été jusque-là qu’une fonction passagère ; il créa deux maîtres généraux, l’un pour la cavalerie, l’autre pour l’infanterie, et leur donna sur les armées de l’empire toute l’autorité qu’avaient exercée les préfets du prétoire. Quoique chacun de ces illustres officiers fût plus particulièrement chargé de veiller à la discipline des troupes qui étaient sous

    du pouvoir que Cicéron, proconsul de la Cilicie, avait exercé au nom du sénat et du peuple.

  1. L’abbé Dubos, qui a examiné avec exactitude (Hist. de la Monarchie française, t. I, p. 41-100, éd. 1742) les institutions d’Auguste et de Constantin, observe que si Othon eût été mis à mort la veille de sa conspiration, il paraîtrait dans l’histoire aussi innocent que Corbulon.