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pas à la cumulation des dignités[1] ; et par le moyen d’un brevet d’honneur, ceux des empereurs qui aimaient à répandre des faveurs, pouvaient quelquefois satisfaire sinon l’ambition, du moins la vanité de leurs avides courtisans[2].

Les consuls.

Tant que les consuls romains furent les premiers magistrats d’un pays libre, ils durent au choix du peuple leur autorité légitime ; et tant que les empereurs consentirent à déguiser leur despotisme, les consuls continuèrent d’être élus par les suffrages réels ou apparens du sénat. Depuis le règne de Dioclétien, ces vestiges de liberté se trouvèrent effacés ; et les heureux candidats qui recevaient les honneurs annuels du consulat, affectaient de déplorer la condition humiliante de leurs prédécesseurs. Les Scipion et les Caton avaient été obligés de solliciter les suffrages des plébéiens, de s’assujettir aux formes dispendieuses d’une élection populaire, et de s’exposer à la honte d’un refus public. Ils se félicitaient de vivre dans un siècle et sous un gouvernement où un prince juste et éclairé distribuait les récompenses au mérite et à la vertu[3]. Dans les lettres que l’empe-

  1. Cod. Theodos., l. VI, tit. 6. Les règles de la préséance furent déterminées par les empereurs avec l’exactitude la plus minutieuse, et les commentateurs les ont éclaircies avec la même prolixité.
  2. Cod. Theodos., l. VI, tit. 22.
  3. Ausone (in gratiarum actione) se traîne lâchement sur cet indigne sujet, que Mamertin (Panegyr. vet., XI, 16, 19) développe avec un peu plus de liberté et de franchise.