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Auguste les aurait rejetées avec indignation. Les principaux officiers de l’empire recevaient de l’empereur lui-même les titres mensongers de votre sincérité, votre gravité, votre éminence, votre excellence, votre sublime grandeur, votre illustre et magnifique altesse[1]. Les titres ou patentes de leur office étaient blasonnés et chargés d’emblèmes qui en expliquaient les fonctions et la dignité ; on y voyait le portrait de l’empereur régnant, un char de triomphe, le registre des édits placé sur une table couverte d’un riche tapis, et éclairée de quatre flambeaux, la figure allégorique des provinces qu’ils gouvernaient, les noms et les étendards des troupes qu’ils commandaient. Quelques-unes de ces enseignes officielles étaient exposées à la vue dans leurs salles d’audience ; d’autres précédaient la pompe de leur marche quand ils paraissaient en public ; enfin, dans toutes les circonstances, leur magnificence et celle de leur suite nombreuse tendaient à inspirer le plus profond respect pour les représentans de la majesté suprême. Un observateur philosophe aurait pu regarder le système du gouvernement romain comme un magnifique théâtre rempli d’acteurs, qui, jouant différens rôles, répétaient les discours et imitaient les passions des personnages qu’ils représentaient[2].

  1. Consultez la Notitia dignitatum, à la fin du Code Théodosien, l. VI, p. 316.
  2. Pancirolus ad Notitiam utriusque imperii, p. 39 ; mais ses explications sont obscures, et il ne distingue pas assez les symboles en effigie des emblèmes effectifs des emplois.