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nées, ou, selon d’autres, en peu de mois[1]. Mais cette diligence extraordinaire paraîtra moins incroyable, quand on saura qu’un grand nombre de bâtimens furent finis si à la hâte et si imparfaitement, qu’on eut beaucoup de peine à les empêcher de s’écrouler sous le règne suivant[2]. Pendant qu’ils avaient encore la vigueur et l’éclat de la jeunesse, l’empereur, se prépara à célébrer la dédicace de sa nouvelle ville[3]. [Dédicace. A. D. 330 ou 334.]On peut aisément se représenter les jeux et les largesses qui couronnèrent la pompe de cette fête mémorable. Mais une cérémonie singulière, et

  1. Codinus (Antiq., p. 8) assure que les fondemens de Constantinople furent jetés l’an du monde 5837 (A. D. 329), le 26 septembre, et que la dédicace de la ville se fit le 11 mai 5838 (A. D. 330). Il lie ces dates à plusieurs époques remarquables ; mais elles se contredisent. L’autorité de cet écrivain a peu de poids, et l’intervalle qu’il assigne doit paraître insuffisant. Julien (orat. 1, p. 8) en donne un de dix années, et Spanheim s’efforce d’en prouver l’exactitude (p. 69-75), à l’aide de deux passages de Themistius (orat. IV, p. 58) et de Philostorgius (l. II, c. 9). Selon ce calcul, les fondemens furent jetés en l’an 324, et la dédicace de la ville eut lieu en 334. Les critiques modernes ne sont pas d’accord sur ce point de chronologie, et Tillemont (Hist. des Emper., t. IV, p. 619-625) discute avec beaucoup de soin leurs diverses opinions.
  2. Themistius, orat. III, p. 47 ; Zosime, l. II, p. 108. Constantin lui-même, dans une de ses lois, laisse assez voir son impatience (Cod. Théod., l. XV, tit. I.)
  3. Cedrenus et Zonare, fidèles à l’esprit de superstition qui régnait de leur temps, nous assurent que Constantinople fut consacrée à la Vierge mère de Dieu.