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Priviléges.

Les distributions fréquentes et régulières de vin et d’huile, de blé ou de pain, d’argent ou de denrées, avaient presque dispensé du travail les citoyens les plus pauvres de Rome. La magnificence des premiers Césars fut à un certain point imitée par le fondateur de Constantinople[1] ; mais quoique sa libéralité ait excité les applaudissemens du peuple, elle n’a pas obtenu ceux de la postérité[2]. Une nation de législateurs et de conquérans pouvait réclamer ses droits aux moissons de l’Afrique, qu’elle avait achetées au prix de son sang ; et Auguste se conduisit habilement en faisant perdre aux Romains, dans les fêtes et dans l’abondance, le souvenir de la liberté. Mais la prodigalité de Constantin ne pouvait avoir pour excuse, ni son propre intérêt, ni celui du public. Le tribut annuel de blé, imposé sur

    Panegyriq. Anthem., tom. VI, p. 290, éd. Sirmond.) décrit les môles qu’on éleva dans la mer : on les construisit avec cette fameuse pouzzolane qui se durcit à l’eau.

  1. Sozomène, l. II, c. 3 ; Philostorg., l. II, c. 9 ; Codin., Antiq. Constant., p. 8. Un passage de Socrate (l. II, c. 13) donne lieu de croire que l’empereur accordait chaque jour à la ville huit myriades de σιτο‌υ, qu’on peut, si l’on veut, traduire avec Valois, par modii de blé, ou appliquer au nombre de pains que faisait distribuer le prince.
  2. À Rome, les pauvres citoyens qui recevaient ces gratifications étaient inscrits sur un registre ; leur droit n’était qu’un droit personnel. Constantin attacha ce droit aux maisons de la nouvelle capitale, pour engager les dernières classes du peuple à se construire rapidement des habitations. (Cod. Théod., l. XIV.) (Note de l’Éditeur.)