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viale dénomination de pilier brûlé. La base de cette colonne était un piédestal de marbre blanc, de vingt pieds d’élévation. Elle était composée de dix blocs de porphyre, chacun environ de dix pieds de hauteur, et de trente-trois de circonférence[1]. La statue colossale d’Apollon était placée sur le sommet de la colonne, à cent vingt pieds de terre. Elle était de bronze, et avait été apportée d’Athènes, ou d’une ville de Phrygie : on prétendait qu’elle était l’ouvrage de Phidias. L’artiste avait représenté le dieu du jour, ou, comme on l’a prétendu depuis, Constantin lui-même, avec un sceptre dans la main droite, le globe du monde dans la gauche, et une couronne de rayons étincelans sur sa tête[2]. Le Cirque ou Hippodrome était un bâtiment majestueux d’environ quatre cents pas de longueur, et cent pas de largeur[3]. L’espace qui séparait les deux bornes, était rempli d’obélisques et de statues ; et l’on y remarque encore un singulier monument de l’antiquité, les corps de trois

  1. C’est Pococke qui donne la description la plus supportable de cette colonne. (Description of the east, vol. II, part. II, p. 131.) Mais ce qu’il en dit est confus et peu satisfaisant sur plusieurs points.
  2. Ducange, Const., l. I, c. 24, p. 76, et ses Notes ad Alexiad., p. 382. La statue de Constantin ou d’Apollon fut renversée sous le règne d’Alexis Comnène.
  3. Tournefort (lettre XII) dit que l’Atmeidan a quatre cents pas de longueur. S’il veut parler de pas géométriques de cinq pieds chacun, c’est trois cents toises de longueur, c’est-à-dire, environ quarante toises de plus que le grand cirque de Rome. Voyez d’Anville, Mesures itinér., p. 73.